Partant des acquis de la sociologie de l'éducation, et du constat des inégalités sociales d'accès à l'enseignement supérieur ainsi que des différenciations sociales et de sexe dans le rapport aux études, ce travail interroge l'idée selon laquelle la poursuite pendant plusieurs années d'études supérieures à l'université, et dans des disciplines diverses, ici plus particulièrement le droit et la philosophie, peut également produire des différences dans les manières d'être et de penser. D'autre part, le temps des études, phase de transition dans le cycle de vie est appréhendé, non comme déconnecté des autres temps et des autres dimensions de la vie sociale, mais bien au contraire dans ses relations, dans ses interactions avec le temps de l'activité professionnelle, le temps de l'indépendance résidentielle et de la mise en couple. L'analyse montre que les pratiques d'études et le rapport à l'avenir varient considérablement selon les disciplines. En outre, la socialisation universitaire est loin d'être inopérante, une fois le cadre des études franchi : l'analyse des pratiques de la vie quotidienne, mais également celle des processus qui, parallèlement à la poursuite des études, s'opèrent au cours de la jeunesse (installation résidentielle, mise en couple), montrent de surcroit que les dimensions de l'existence a priori les plus éloignées du contexte de l'étude sont également pour partie construites, structurées, élaborées par le type de formation suivie. Les manières d'être et de vivre, le rapport au monde, aux autres et aux choses, constituent donc les indicateurs des catégories de perception disciplinaires. Ces catégories de perception ont été dégagées de l'analyse des représentations ainsi que des pratiques les plus matérielles. Ainsi a-t-on pu percevoir combien les pratiques matérielles pouvaient véritablement constituer des outils pertinents de décryptage des représentations sociales et des formes de socialisation à l'œuvre dans cette étape du cycle de vie